Dans tous les cénacles et quelle que soit leur orientation partisane, les personnalités politiques féministes se trouvent en plus grande difficulté que leurs collègues. Par « difficulté », nous entendons violences parfois graves, en direct et en ligne, incluant des menaces envers leurs proches. Par « difficulté », nous entendons aussi le fait que toute erreur devient une catastrophe : les manquements d’une ampleur que d’autres voient sanctionner par un moment médiatiquement un peu difficile, voire un blâme, font l’objet de critiques assassines et de lourdes conséquences.
Pourquoi ?
Parce que ces personnalités politiques féministes portent un message qui dérange : elles rappellent que l’égalité n’est pas acquise. Et que le genre est un système de domination.
Parce qu’elles défendent des positions qui font actuellement l’objet d’un sacré backlash, souvent mâtiné d’essentialisme (« de quoi vous plaignez-vous, les femmes accèdent à des postes importants aujourd’hui »).
Parce que s’opposer au féminisme paraît électoralement stratégique.
Parce que d’aucuns entendent visiblement consacrer leur énergie politique à faire taire les féministes plutôt qu’à défendre un programme.
Aujourd’hui, être féministe en politique coûte cher.
Plus cher que d’empocher de l’argent public, à coups de voyages ou de pensions par exemple.
Plus cher que de ne pas respecter l’état de droit.
Indépendamment des considérations relatives aux erreurs des unes et des autres, cet état de fait entrave l’exercice de leurs droits politiques par les féministes. Et donc l’égalité.
En effet, quelle que soit la définition qu’on se donne du féminisme, la plupart des féministes sont des femmes. Et s’engager en politique, pour elles, est plus qu’une gageure : c’est un combat, à armes inégales.
Pourtant, quiconque se dit démocrate nous paraît forcément vouloir que toutes les positions conformes à la Constitution puissent être représentées.
Nous voulons l’égalité. Elle requiert plus que des déclarations de principe. Elle requiert un engament quotidien, et concret, pour l’égalité de traitement, à tous égards. Et elle passe donc notamment par le soutien aux personnalités politiques féministes, parce qu’elles rencontrent des difficultés plus lourdes que leurs collègues.
Pour que toutes et tous puissent exercer leurs droits politiques.
