Le discours de la rentrée académique 2023-2024 de la Haute-école de l’EPHEC à Bruxelles a annoncé la couleur : copier-coller la polémique française. Le 19 septembre dernier, le Directeur de l’établissement a annoncé être contre le port de l’abaya. Depuis cette annonce, les élèves qui en portent une se voient priver d’accès au bâtiment.
Ce faux débat nous vient, à nouveau, de nos voisins français, très réactionnaires sur tout ce qui concerne les vêtements des femmes et des jeunes filles.
Comme l’a regretté le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, en critiquant notamment la France : “Dans certains pays, les femmes et les filles sont punies parce qu’elles portent trop de vêtements. Dans d’autres parce qu’elles n’en portent pas assez” (Discours Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies à l’ouverture de l’Assemblée Générale des Nations Unies, 20 septembre 2023).
Encore une fois, les femmes sont visées par des réglementations sexistes.
Que ce soit trop ou pas assez de tissu, un tissu trop ample ou trop serré, le corps des femmes et ce qui les couvre reste, encore en 2023, un sujet beaucoup trop présent dans les médias et les décisions politiques.
Quels que soient les choix vestimentaires des femmes et les raisons de ces choix, en faire un sujet de débat est et restera toujours profondément sexiste.
Voilà maintenant trop longtemps que le l’habit féminin n’est pas juste un vêtement et qu’il porte systématiquement un sens extrêmement lourd de conséquences. Risquer le viol, l’exclusion, le harcèlement, la stigmatisation, la discrimination en raison de vêtements qui couvriraient trop ou trop peu nos corps, est choquant et dégradant. Cela relègue les femmes à n’être qu’un corps.
Le vêtement féminin serait un symbole de ce que la femme qui le porte est. Peu importe les actes, les paroles ou la personnalité de la femme concernée, elle est encore, en 2023, assignée à son vêtement. L’expression politique, médiatique, législative et réglementaire sur ces sujets ne font que renforcer l’idée (déjà bien présente dans une société patriarcale) que le corps des femmes est un sujet de débat tout à fait légitime !
La liberté des femmes de décider de leur tenue vestimentaire est essentielle, car les vêtements féminins ont historiquement été utilisés, et continuent de l’être, comme outil de domination et de contrôle. Encourager ou prohiber le port de certains vêtements revient à entraver la liberté de mouvement des femmes, limiter leur liberté d’étudier, de travailler, etc. Et surtout cela encourage ou, au moins, légitime la discrimination à l’égard de celles qui portent ou ne portent pas ces vêtements.
Nous ne le rappellerons jamais assez : nos corps et ce qui les couvre (ou pas) ne sont pas des sujets de débat.